L’Etoffe du Diable

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Aimez-vous les rayures? Régulièrement, mais brièvement, les créateurs nous proposent des tenues arborant ce motif. Qu’il s’agisse d’une marinière ou d’une robe exubérante et graphique, les rayures nous font toujours un effet étrange. Partagée entre l’extase et l’incrédulité, je me suis penchée sur le sujet…

… et découvert que Michel Pastoureau, historien des couleurs et expert en héraldique et symboles lui a consacré un ouvrage : L’Etoffe du Diable, édité chez Points en 1991 (ISBN 2-20-061198-8).

Historiquement, la rayure est la marque des marginaux. Elle distingue et rend voyant. Les étoffes rayées sont longtemps restées en Occident des marques d’exclusion ou d’infamie. Puis, évolution étrange, elles deviennent positives et liées aux idées de liberté, de jeunesse et de progrès.

La rayure  crée le trouble en ne distinguant pas le fond du motif, alternant ombre et lumière… Alfred Hitchcock, pour qui ces dernières avaient peu de secrets, a consacré à ce thème une oeuvre : Spellbound (La Maison du docteur Edwards), tourné en 1945. « A voir ce film » commente M. Pastoureau dans son ouvrage, « on sent pleinement et combien l’univers des rayures peut être un univers inquiétant, assourdissant, aliénant, à force de répéter les mêmes alternances de séquences bichromes. Toute rayure est un rythme, une musique même, et, comme toute musique, elle peut, au-delà de l’harmonie et du plaisir, déboucher sur le vacarme, la déflagration puis la folie ».

Aujourd’hui liées à la mer, au sport mais également aux prisonniers ou à la pègre, elles sont intégrées dans notre quotidien et semblent y trouver leur(s) place(s).

Donc, les rayures, oui, mais avec finesse et parcimonie pour la discrétion ou exubérance et démesure pour rendre votre interlocuteur fou… de vous!photo

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